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Associé non rémunéré : possibilités, risques

15/07/2025
Jerôme BENAÏNOUS
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Vous vous demandez comment rémunérer un associé non salarié ou si un associé peut travailler sans percevoir de rémunération dans votre entreprise ? Bien que cette option puisse sembler avantageuse à première vue, elle comporte des risques significatifs que vous devez connaître.

En effet, les associés et dirigeants ont légalement la possibilité de ne pas se verser de rémunération. Cependant, cette situation d'associé non rémunéré peut exposer à plusieurs dangers, notamment en termes de responsabilité civile. Par ailleurs, un associé non gérant travaillant sans statut s'expose principalement à deux problèmes majeurs : l'absence de protection sociale et l'absence de couverture en responsabilité civile. De plus, l'administration pourrait requalifier cette activité en "gérance de fait" si elle considère que les décisions de cet associé engagent la société.

À travers cet article, nous examinerons les différentes possibilités de rémunération pour un associé non exploitant, les risques juridiques associés au travail non rémunéré, et les solutions pour sécuriser la situation d'un associé qui souhaite contribuer à l'entreprise sans recevoir de salaire traditionnel. Vous découvrirez également comment les dividendes peuvent constituer une alternative intéressante, correspondant à la répartition des bénéfices entre les associés.

Sommaire :

Peut-on être associé non rémunéré dans une entreprise ?

Légalement, il est tout à fait possible d'être associé non rémunéré dans une entreprise. Cette situation, bien que particulière, est fréquente dans la vie des sociétés. Toutefois, elle soulève des questions importantes concernant le statut social et la protection de l'associé.

Quand cette situation se présente-t-elle ?

La situation d'associé non rémunéré se présente généralement dans deux contextes spécifiques. D'abord, en début d'activité ou lors du lancement d'une entreprise, lorsque celle-ci ne dispose pas immédiatement des moyens financiers pour rémunérer tous ses membres. Cette situation se produit également pendant les périodes de difficultés économiques, où la priorité est donnée à la survie de l'entreprise.

Par ailleurs, certains entrepreneurs font délibérément ce choix stratégique pour laisser davantage de fonds dans l'entreprise, favorisant ainsi son développement. Dans ce cas, l'associé préfère souvent percevoir uniquement des dividendes plutôt qu'une rémunération régulière.

Néanmoins, il est fortement déconseillé de maintenir cette situation sur une longue période. En effet, ne pas vous rémunérer pendant plusieurs mois peut entraîner des risques considérables, notamment au niveau de votre protection sociale.

Différence entre associé exploitant et non exploitant

Il existe une distinction fondamentale entre l'associé exploitant et l'associé non exploitant. Le premier exerce son activité professionnelle au sein de la structure et participe activement aux travaux de l'entreprise. Le second détient simplement une partie du capital social sans participer aux travaux quotidiens.

Dans les sociétés agricoles notamment, les associés non exploitants sont souvent des apporteurs de capitaux, parfois issus de la famille proche de l'exploitant. Cette configuration permet d'alléger la reprise par un enfant et d'étaler la cession des parts selon sa capacité de remboursement.

Statut social et absence de rémunération

L'absence de rémunération a des conséquences différentes selon le statut de l'associé. Pour un associé non gérant qui n'exerce aucune activité rémunérée dans la société, la situation est claire : il n'est affilié à aucun régime de protection sociale du fait de son statut, qu'il soit majoritaire, égalitaire ou minoritaire.

En revanche, pour un gérant majoritaire de SARL non rémunéré, la situation diffère. Même sans rémunération, il reste affilié à la sécurité sociale des indépendants et doit s'acquitter d'un minimum de cotisations sociales, représentant approximativement 1000 euros par an (sans l'exonération ACRE).

À l'inverse, un gérant minoritaire ou un président de SAS non rémunéré ne bénéficie d'aucune protection sociale en l'absence de rémunération, excepté les dispositifs d'aide comme la protection universelle maladie.

Les risques juridiques pour l’entreprise et l’associé non rémunéré

Travailler comme associé non rémunéré dans une entreprise comporte plusieurs risques juridiques significatifs, tant pour la société que pour l'associé lui-même. Ces dangers peuvent avoir des conséquences graves s'ils ne sont pas correctement anticipés.

Travail dissimulé : définition et conséquences

Le travail dissimulé constitue un risque majeur lorsqu'un associé travaille sans rémunération. Cette infraction se caractérise par la dissimulation intentionnelle d'une activité professionnelle ou l'absence de déclaration d'un salarié. Pour l'entreprise, les sanctions peuvent être sévères, notamment une amende pouvant atteindre 225 000 € pour les personnes morales, voire une interdiction d'exercer.

Par ailleurs, l'URSSAF peut procéder à un redressement en calculant les cotisations sociales qui auraient dû être versées sur la rémunération normale du travail effectué. Cela entraîne également des majorations de retard et des pénalités.

Abus de bien social : un risque sous-estimé

Un autre danger concerne l'abus de bien social, particulièrement dans les SARL et les SAS. Si un associé utilise des ressources de l'entreprise (locaux, matériel, véhicules) sans contrepartie financière, cela peut être considéré comme un détournement des actifs sociaux. Cette infraction est punie de cinq ans d'emprisonnement et 375 000 € d'amende.

Cependant, ce risque peut être atténué par la mise en place d'une convention réglementée, approuvée par les autres associés.

Absence de couverture sociale et responsabilité civile

L'absence de protection sociale représente un danger considérable pour l'associé non rémunéré. Sans cotisations, vous ne bénéficiez d'aucune couverture en cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle. De plus, vous ne cumulez pas de droits à la retraite pendant cette période.

En outre, la responsabilité civile professionnelle n'est généralement pas couverte pour un associé travaillant sans statut officiel, ce qui peut s'avérer problématique en cas de dommages causés à des tiers.

Impact sur les aides sociales (ARE, RSA, etc.)

Travailler comme associé non rémunéré peut également affecter vos droits aux aides sociales. Notamment, si vous percevez l'Aide au Retour à l'Emploi (ARE), votre activité non rémunérée doit être déclarée à Pôle Emploi et peut entraîner une révision, voire une suspension de vos allocations.

De même, pour les bénéficiaires du RSA, l'administration considère souvent qu'un associé, même non rémunéré, dispose de ressources liées à son patrimoine dans l'entreprise, ce qui peut réduire ou supprimer cette aide.

Les statuts à distinguer : dirigeant, non gérant, minoritaire

Le statut d'un associé dans une entreprise détermine ses droits, obligations et sa protection sociale. Comprendre les différents statuts aide à sécuriser la situation de chacun et à éviter les risques juridiques.

Associé non gérant : peut-il travailler ?

En principe, les associés minoritaires non-dirigeants ne peuvent pas travailler bénévolement pour l'entreprise. Cette pratique n'est tolérée que dans un cadre familial pour une aide ponctuelle. De manière générale, sans contrat de travail, un associé ne peut pas travailler sans être rémunéré, sous peine de commettre une infraction de travail dissimulé.

Néanmoins, dans certaines conditions, ce travail non rémunéré peut être toléré si :

  • Le travail est sans risque pour les tiers et pour l'associé
  • Il s'agit d'un travail ponctuel et non essentiel à l'activité de la société
  • Le travail n'engage pas la société

Le statut social de l'associé non-gérant varie selon qu'il exerce ou non une activité rémunérée dans la société. S'il n'exerce aucune activité rémunérée, il n'est affilié à aucun régime de protection sociale, que l'associé soit majoritaire, égalitaire ou minoritaire.

La rémunération d'un dirigeant n'est pas obligatoire, que ce soit pour un président de SAS ou un gérant de SARL. Cependant, l'absence de rémunération a des conséquences différentes selon le statut.

Pour le président de SAS non rémunéré, aucune cotisation sociale n'est due, mais il ne bénéficie alors d'aucune protection sociale. En revanche, un gérant majoritaire de SARL non rémunéré reste affilié à la sécurité sociale des indépendants et doit payer des cotisations minimales.

L'avantage principal est que le dirigeant non rémunéré peut conserver ses allocations chômage s'il remplit les conditions de France Travail, ce qui permet de tester son activité sans perdre ses droits.

Associé minoritaire : quelles limites d'intervention ?

Le gérant minoritaire en SARL voit ses pouvoirs quelque peu restreints par rapport à ceux d'un associé gérant majoritaire. Bien qu'il agisse au nom de l'entreprise et dispose de tous les pouvoirs à l'égard des tiers, son champ d'intervention diffère vis-à-vis de ses associés.

Si des restrictions sont prévues dans les statuts, le gérant minoritaire doit s'y conformer. En l'absence de restrictions, il dispose des pleins pouvoirs pour engager la SARL, mais doit justifier ses décisions par un rapport de gestion présenté aux associés.

Le principal défi du gérant minoritaire réside dans sa dépendance aux décisions des autres associés. Même sans restrictions statutaires, son rapport de gestion peut faire l'objet de désaccords, pouvant entraîner sa révocation pour "justes motifs".

Comment sécuriser la situation d’un associé non rémunéré ?

Face aux risques juridiques évoqués précédemment, plusieurs solutions existent pour sécuriser la situation d'un associé non rémunéré. Ces options permettent de protéger à la fois l'entreprise et l'associé tout en respectant la législation en vigueur.

Mettre en place un contrat de travail

La solution la plus sûre consiste à établir un contrat de travail en bonne et due forme. Ce document formalise la relation entre l'associé et l'entreprise, définissant clairement les missions, les horaires et la rémunération.

Pour éviter tout risque, le contrat doit prévoir une rémunération au moins égale au SMIC horaire. Par ailleurs, il est essentiel que le travail soit effectivement réalisé et que l'associé se trouve dans une relation de subordination vis-à-vis de l'entreprise.

Utiliser les dividendes comme mode de rémunération

Une alternative intéressante consiste à utiliser les dividendes comme mode de rémunération. En effet, les dividendes correspondent à la répartition des bénéfices entre les associés au prorata de leurs parts sociales.

Néanmoins, cette option présente certaines limites. D'abord, les dividendes ne peuvent être versés qu'en présence de bénéfices distribuables. De plus, ils sont soumis à la fiscalité des revenus de capitaux mobiliers, avec un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%.

Faire appel à un expert pour éviter les erreurs

Compte tenu des nombreuses subtilités juridiques, fiscales et sociales, faire appel à un expert s'avère souvent indispensable. Un avocat spécialisé en droit des sociétés ou un expert-comptable pourra vous conseiller sur la solution la plus adaptée à votre situation particulière.

Ces professionnels vous aideront notamment à rédiger les statuts et conventions nécessaires pour prévenir les risques de requalification et d'abus de bien social.

Cas particulier du conjoint collaborateur

Le conjoint collaborateur représente un cas spécifique dans le cadre d'une entreprise familiale. Ce statut permet au conjoint d'un entrepreneur individuel ou d'un gérant majoritaire de SARL de participer à l'activité sans percevoir de salaire.

Toutefois, le conjoint doit obligatoirement opter pour l'un des statuts suivants : conjoint collaborateur, conjoint salarié ou conjoint associé. Ce choix détermine sa protection sociale et sa couverture en matière d'assurance maladie, de retraite et d'accident du travail.

Conclusion

Être un associé non rémunéré peut sembler une solution attractive pour soutenir votre entreprise, particulièrement durant les phases de démarrage ou les périodes difficiles. Néanmoins, cette situation comporte des risques considérables qu'il convient de ne pas sous-estimer. En effet, les dangers du travail dissimulé et de l'abus de bien social planent constamment sur cette configuration, sans compter l'absence cruciale de protection sociale qui vous expose personnellement.

Par ailleurs, votre statut spécifique dans l'entreprise détermine grandement les conséquences de cette absence de rémunération. Ainsi, un gérant majoritaire de SARL restera affilié à la sécurité sociale des indépendants avec des cotisations minimales à verser, tandis qu'un président de SAS ou un associé non gérant se retrouvera totalement dépourvu de couverture sociale.

Plutôt que de prendre ces risques, plusieurs alternatives s'offrent à vous. D'une part, la mise en place d'un contrat de travail constitue certainement la solution la plus sécurisante juridiquement. D'autre part, la distribution de dividendes peut représenter une option intéressante pour rémunérer votre investissement sans vous verser de salaire régulier.

À long terme, il est fortement déconseillé de maintenir une situation d'associé non rémunéré. Si cette configuration peut être tolérée temporairement, elle expose autant l'entreprise que vous-même à des risques juridiques et sociaux significatifs. Pour cette raison, faire appel à un expert-comptable ou un avocat spécialisé reste la démarche la plus prudente afin de structurer correctement votre participation dans l'entreprise tout en préservant vos droits et votre protection sociale.

Vous souhaitez être accompagné par un expert comptable ? Nos experts-comptables sont à votre disposition pour répondre à toutes vos questions concernant cette notion. Notre cabinet d'expertise comptable, basé Saint-Michel-sur-Orge dans l'Essonne, reste disponible par téléphone, par e-mail ou sur rendez-vous.