Commissaire aux comptes en SARL : obligation, nomination

20/08/2024
Jerôme BENAÏNOUS
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La nomination d'un commissaire aux comptes SARL est un sujet crucial pour de nombreuses entreprises. Vous vous demandez peut-être si votre société à responsabilité limitée a l'obligation de nommer un commissaire aux comptes, et quelles sont les étapes à suivre pour le faire. Cette question a un impact significatif sur la gouvernance et la transparence financière de votre entreprise, et mérite une attention particulière.

Rôle et responsabilités du commissaire aux comptes en SARL

En tant que dirigeant d'une SARL, vous devez comprendre le rôle crucial du commissaire aux comptes dans votre entreprise. Ce professionnel libéral réglementé joue un rôle essentiel pour garantir la transparence et la fiabilité des informations financières de votre société.

Missions principales

La mission principale du commissaire aux comptes SARL est de réaliser un audit légal. Dans ce cadre, il certifie les comptes annuels de votre entreprise, comprenant le bilan, le compte de résultat et l'annexe. Son objectif est de s'assurer que ces documents reflètent fidèlement la réalité du patrimoine et de la situation financière de votre SARL.

Pour mener à bien cette mission, le commissaire aux comptes :

  1. Contrôle la régularité des écritures comptables
  2. Vérifie en détail les documents justificatifs enregistrés
  3. Évalue la conformité de l'ensemble des données financières avec les normes en vigueur

Il est important de noter que le rôle du commissaire aux comptes n'est pas de vous conseiller, mais plutôt d'émettre un avis et des recommandations sur la gestion financière de votre SARL.

Obligations légales

Le commissaire aux comptes a des obligations légales strictes à respecter dans l'exercice de ses fonctions. Parmi ces obligations, on trouve :

  1. L'alerte du procureur de la République en cas de connaissance de faits délictueux (article L. 821-10 du Code de commerce)
  2. Le signalement au dirigeant de la SARL, lors de l'assemblée générale la plus proche, des faits susceptibles de compromettre la continuité de l'exploitation (article L. 821-10 du Code de commerce)
  3. L'établissement d'attestations requises par le Tribunal pour des procédures collectives
  4. La fourniture d'un avis sur des documents comptables spécifiques

Le commissaire aux comptes doit exercer ses fonctions en totale indépendance, même s'il est désigné par votre SARL. Cette indépendance est garantie par un Code de déontologie strict qui régit la profession.

Responsabilités

Le commissaire aux comptes assume des responsabilités importantes dans l'exercice de ses fonctions. Sa responsabilité peut être engagée sur quatre plans différents :

  1. Responsabilité civile : Le commissaire aux comptes est responsable des conséquences dommageables des fautes et négligences commises dans l'exercice de ses fonctions, tant à l'égard de votre SARL que des tiers.
  2. Responsabilité pénale : Elle peut être engagée en cas d'abus de confiance, d'usage de faux, de divulgation d'informations financières ou de non-révélation de faits délictueux.
  3. Responsabilité disciplinaire : Tout manquement aux conditions d'exercice légal de la profession, négligence grave ou fait contraire à la probité ou à l'honneur peut entraîner des sanctions disciplinaires.
  4. Responsabilité administrative : Elle concerne principalement les commissaires aux comptes exerçant des missions au sein de sociétés faisant appel public à l'épargne.

Il est important de noter que le commissaire aux comptes n'est pas responsable des infractions commises par les dirigeants de votre SARL, sauf s'il en avait connaissance et ne les a pas signalées dans son rapport à l'assemblée générale.

Cas de nomination obligatoire d'un CAC en SARL

En tant que dirigeant d'une SARL, vous devez être au fait des situations qui nécessitent la nomination obligatoire d'un commissaire aux comptes. Cette obligation peut découler de différents facteurs, notamment les seuils légaux, l'appartenance à un groupe de sociétés, ou la demande des associés de votre SARL.

Seuils légaux

À partir du 1er janvier 2024, votre SARL sera tenue de nommer un commissaire aux comptes si elle franchit deux des trois seuils suivants lors de la clôture de l'exercice :

  1. Chiffre d'affaires : 10 millions d'euros hors taxes
  2. Total du bilan : 5 millions d'euros
  3. Nombre de salariés : 50 en moyenne

Il est important de noter que ces seuils ont été récemment modifiés pour s'adapter aux réalités économiques actuelles. Vous devez surveiller attentivement ces critères pour vous assurer de respecter vos obligations légales.

Groupes de sociétés

Si votre SARL fait partie d'un groupe de sociétés, des règles spécifiques s'appliquent :

  1. En tant que société mère : Si votre SARL contrôle une ou plusieurs autres sociétés et que l'ensemble du groupe dépasse deux des trois seuils mentionnés ci-dessus, vous devez nommer un commissaire aux comptes.
  2. En tant que filiale significative : Si votre SARL est contrôlée par une autre société et qu'elle dépasse deux des trois seuils suivants, elle doit également désigner un commissaire aux comptes :
    • Chiffre d'affaires : 4 millions d'euros
    • Total du bilan : 2,5 millions d'euros
    • Nombre de salariés : 50

Ces règles visent à garantir une transparence financière adéquate au sein des groupes de sociétés, même lorsque les entités individuelles ne dépassent pas les seuils principaux.

Demande des associés

Depuis la loi du 21 juillet 2019, les associés minoritaires de votre SARL ont la possibilité de demander la nomination d'un commissaire aux comptes, même si les seuils légaux ne sont pas atteints. Pour ce faire, les conditions suivantes doivent être remplies :

  1. Les associés demandeurs doivent représenter au moins un tiers du capital social.
  2. La demande doit être motivée et présentée au gérant de la SARL.
  3. Le gérant doit inscrire la résolution à l'ordre du jour de l'assemblée générale.
  4. L'assemblée générale doit voter la nomination.

Si la nomination est approuvée, le commissaire aux comptes sera désigné pour un mandat de trois ans.

Il est important de noter que la désignation d'un commissaire aux comptes peut également être ordonnée par voie judiciaire, à la demande d'associés représentant au moins 10% du capital social.

En tant que dirigeant, vous devez être attentif à ces différents cas de nomination obligatoire d'un commissaire aux comptes dans votre SARL. Le respect de ces obligations contribue à la transparence financière et à la bonne gouvernance de votre entreprise.

Procédure de nomination d'un commissaire aux comptes

La nomination d'un commissaire aux comptes dans votre SARL est un processus important qui nécessite plusieurs étapes. Vous devez suivre une procédure spécifique pour garantir la légalité et la transparence de cette nomination.

Désignation par l'assemblée

La première étape consiste à désigner le commissaire aux comptes lors d'une assemblée générale ordinaire (AGO) des associés. Cette décision est prise à la majorité simple des parts sociales. Vous devez également nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes suppléants lors de cette assemblée. Ces suppléants interviennent en cas de démission, de refus ou d'empêchement du commissaire aux comptes titulaire.

Il est important de noter que les modalités de nomination (quorum, majorité) doivent être conformes à vos statuts. Assurez-vous de respecter ces règles pour éviter toute contestation ultérieure.

Formalités de publicité

Une fois le commissaire aux comptes nommé, vous avez l'obligation de publier un avis de nomination dans un journal d'annonces légales. Cette publication est cruciale pour informer les tiers de la nomination. Le coût de cette annonce varie généralement entre 106 et 132 euros, selon le département.

L'avis de nomination doit contenir les informations suivantes :

  1. La dénomination sociale de votre SARL
  2. La forme juridique (SARL)
  3. Le montant du capital social
  4. Le numéro d'identification de l'entreprise (SIREN)
  5. L'adresse du siège social
  6. L'identité du commissaire aux comptes titulaire et suppléant
  7. La date d'effet de la nomination
  8. Le greffe du tribunal de commerce auprès duquel l'inscription sera effectuée

Déclaration au greffe

La dernière étape consiste à déclarer la nomination du commissaire aux comptes sur le guichet unique des formalités des entreprises. Depuis le 1er janvier 2023, toutes les formalités doivent être effectuées en ligne sur le site de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI).

Pour cette déclaration, vous devez fournir les documents suivants :

  1. Un exemplaire du procès-verbal de nomination, certifié conforme par le représentant légal
  2. Une attestation de parution de l'avis dans un journal d'annonces légales
  3. La lettre d'acceptation des fonctions par le commissaire aux comptes titulaire et suppléant
  4. Un justificatif de l'inscription du commissaire aux comptes sur la liste officielle, si celle-ci n'est pas encore publiée

En suivant scrupuleusement cette procédure, vous vous assurez que la nomination de votre commissaire aux comptes est conforme aux exigences légales. Cette transparence renforce la crédibilité financière de votre SARL auprès des partenaires et des autorités.

Durée du mandat et fin de mission du CAC

Durée légale

En tant que dirigeant d'une SARL, vous devez savoir que la durée du mandat d'un commissaire aux comptes varie selon les circonstances de sa nomination. Lorsque sa désignation est obligatoire, notamment si votre SARL dépasse les seuils légaux, le mandat du commissaire aux comptes est fixé à 6 exercices. Cette durée s'applique également dans le cas où votre SARL fait partie d'un groupe de sociétés soumis à l'obligation de nommer un CAC.

Cependant, si vous avez volontairement choisi de nommer un commissaire aux comptes sans y être légalement tenu, son mandat est limité à 3 exercices. Cette même durée s'applique lorsque la nomination résulte d'une demande motivée d'associés représentant au moins un tiers du capital social.

Il est important de noter que le mandat du commissaire aux comptes commence dès sa nomination, même si celle-ci intervient en cours d'exercice. La fin du mandat coïncide avec l'assemblée générale qui statue sur les comptes du dernier exercice de la période concernée.

Renouvellement

Le mandat d'un commissaire aux comptes est indéfiniment renouvelable. Vous avez la possibilité de prolonger sa mission si vous êtes satisfait de ses services. Le renouvellement doit être décidé par l'assemblée générale des associés ou par l'associé unique dans le cas d'une EURL.

Il est crucial de noter qu'une reconduction tacite du mandat n'est pas valable. Vous devez expressément voter le renouvellement lors d'une assemblée générale. Le non-respect de cette procédure pourrait entraîner des sanctions similaires à celles encourues en cas de défaut de désignation d'un commissaire aux comptes.

Si vous décidez de ne pas renouveler le mandat du commissaire aux comptes, vous n'êtes pas tenu de motiver votre décision. Toutefois, le CAC dont le renouvellement n'est pas proposé a le droit de demander à être entendu par les associés.

Révocation

La fin du mandat d'un commissaire aux comptes peut intervenir avant son terme normal dans plusieurs situations :

  1. Récusation : Dans les 30 jours suivant la nomination du CAC, un ou plusieurs associés représentant au moins 5% du capital social peuvent demander en justice son remplacement pour "juste motif". Cette procédure permet de contester la nomination si vous avez des doutes sérieux sur la compétence, l'honorabilité, l'impartialité ou l'indépendance du commissaire aux comptes.
  2. Révocation judiciaire : En cas de faute ou d'empêchement définitif, le commissaire aux comptes peut être relevé de ses fonctions par décision de justice. Cette procédure peut être engagée à tout moment par la direction de la société, des associés représentant au moins 5% du capital, le comité d'entreprise, le ministère public ou l'AMF.
  3. Démission : Le commissaire aux comptes peut démissionner pour des motifs légitimes, tels qu'un problème de santé, une cessation d'activité, ou des difficultés sérieuses pour accomplir sa mission. Il est important de noter qu'un CAC ne peut pas démissionner pour se soustraire à ses obligations légales.
  4. Autres cas : Le mandat peut également prendre fin en cas de décès du commissaire aux comptes, de dissolution de votre SARL, ou de transformation en une forme sociale n'imposant pas la présence d'un CAC.

Dans tous ces cas, vous devez procéder à la nomination d'un nouveau commissaire aux comptes pour assurer la continuité de la mission de contrôle légal des comptes de votre SARL.

Conclusion

La nomination d'un commissaire aux comptes dans une SARL a une influence considérable sur la gouvernance et la transparence financière de l'entreprise. Ce professionnel joue un rôle crucial pour garantir la fiabilité des informations financières et assurer le respect des obligations légales. Son mandat, qu'il soit de 3 ou 6 ans selon les circonstances, permet d'établir une relation de confiance durable avec l'entreprise.

Pour finir, il est essentiel de bien comprendre les cas où la nomination d'un commissaire aux comptes est obligatoire et de suivre scrupuleusement la procédure de désignation. Cela permet non seulement de se conformer à la loi, mais aussi de renforcer la crédibilité de la SARL auprès de ses partenaires et des autorités. La présence d'un commissaire aux comptes contribue ainsi à la bonne santé financière et à la pérennité de l'entreprise.

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