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Tout savoir sur les Management Fees

19/08/2025
Jerôme BENAÏNOUS
management fees

Dans le cadre d’un groupe de sociétés, la gestion financière et organisationnelle passe souvent par des mécanismes complexes, parmi lesquels les management fees occupent une place centrale.

Derrière cette appellation anglo-saxonne se cachent des frais de gestion facturés par une société mère à ses filiales pour des prestations de services internes : comptabilité, stratégie, RH, informatique, etc. Utilisés à bon escient, les management fees peuvent devenir de véritables leviers d’optimisation fiscale et de performance opérationnelle. Mais attention : mal encadrés, ils peuvent aussi entraîner des redressements, voire des sanctions pour abus de droit ou distribution déguisée de dividendes. Dans cet article, nous vous expliquons ce que sont les management fees, comment les mettre en place légalement, et pourquoi ils sont stratégiques pour de nombreuses entreprises.

Sommaire :

Qu'est-ce que les management fees ?

Les management fees désignent une rémunération versée par une filiale à sa société mère en contrepartie de services fournis. En français, on parle également de frais de gestion ou de frais de siège. Ce système représente un élément clé dans la structuration financière des groupes de sociétés.

Dans un montage financier en holding, les management fees permettent à la société mère de facturer diverses prestations à ses filiales qui, en échange, lui versent une compensation financière. Autrement dit, ce dispositif consiste à considérer la société filiale comme cliente de la société mère.

Ces services peuvent comprendre une large gamme de prestations :

  • Support administratif et ressources humaines
  • Services comptables et financiers
  • Conseil juridique et fiscal
  • Assistance stratégique et marketing
  • Support informatique

En matière de comptabilité, ces frais apparaissent comme des charges externes déductibles pour la filiale, ce qui peut permettre une optimisation de la charge fiscale du groupe. Par ailleurs, grâce à cette organisation de fonctions supports spécifiques, la société mère peut prétendre au titre de holding animatrice, ce qui entraîne des conséquences fiscales non négligeables.

La mise en place des management fees est encadrée par un document contractuel appelé convention de management fees. Cette convention définit notamment la nature des services rendus, leur mode de facturation ainsi que les modalités de paiement. Elle assure à l'administration fiscale que les services facturés ne relèvent pas des tâches que la filiale pourrait effectuer elle-même et qu'ils correspondent bien à l'objet social de l'entreprise.

Pour être valides et déductibles, ces prestations doivent être réellement fournies, présenter un intérêt pour la société bénéficiaire, et être facturées à un prix raisonnable. Dans certains cas, si ces conditions ne sont pas respectées, les management fees peuvent être requalifiés en dividendes déguisés ou faire l'objet d'une accusation d'abus de bien social.

Ce montage est parfaitement légal à condition que la procédure respecte certaines règles définies par le droit des sociétés et le droit des obligations qui caractérise la liberté contractuelle entourant les conventions. Néanmoins, il est essentiel de rester vigilant : les services facturés ne doivent en aucun cas concerner des tâches relevant normalement du mandat social du dirigeant de la société.

La gestion des management fees nécessite donc une attention particulière afin de s'assurer de leur conformité avec les réglementations en vigueur, tant en matière fiscale qu'en droit des sociétés.

Pourquoi les entreprises utilisent-elles les management fees ?

Les entreprises recourent aux management fees pour de multiples raisons stratégiques qui dépassent la simple relation contractuelle entre une société mère et ses filiales. Cette pratique présente des avantages considérables tant sur le plan fiscal qu'organisationnel.

Premièrement, l'un des principaux attraits des management fees réside dans leur traitement fiscal avantageux. Pour la filiale qui les verse, ces frais constituent une charge déductible du résultat imposable, réduisant ainsi significativement son impôt sur les sociétés. Par ailleurs, ce mécanisme permet une répartition plus équilibrée du résultat au sein du groupe, évitant la concentration excessive des bénéfices dans certaines filiales.

Pour la société mère, les revenus issus des management fees lui confèrent potentiellement le statut de "holding animatrice", ouvrant la voie à des avantages fiscaux supplémentaires non négligeables. Ce statut particulier permet notamment de bénéficier de réductions fiscales importantes :

  • Réduction de l'IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière) sur les parts de la holding
  • Réduction d'impôt sur le revenu au titre de la détention de PME
  • Éligibilité au Pacte Dutreil pour la transmission d'entreprise familiale

En outre, les management fees présentent des avantages organisationnels considérables. Ils favorisent la centralisation et la rationalisation de certaines fonctions transverses au sein de la holding, optimisant ainsi les coûts de gestion à l'échelle du groupe. Cette mutualisation des expertises génère des économies d'échelle significatives grâce au partage des coûts entre filiales et permet l'accès à des compétences spécialisées que chaque filiale ne pourrait financer individuellement.

Au-delà de ces aspects, les management fees contribuent fondamentalement à l'harmonisation de la stratégie globale du groupe. Lorsque la société mère pilote les fonctions clés comme la finance, le juridique ou le marketing, elle garantit une vision unifiée et cohérente. Ce système facilite également la circulation de l'information entre les différentes entités, accélérant ainsi la prise de décision.

Dans le cadre spécifique d'un LBO (rachat avec effet de levier), la pratique des management fees joue un rôle crucial. Elle permet à la holding d'obtenir une source de revenus régulière à partir de ses filiales, ce qui facilite le remboursement de l'emprunt contracté pour l'acquisition. Ces frais peuvent ainsi compléter efficacement la distribution des dividendes attendus de la cible acquise.

Cependant, il convient de noter que ces transferts de bénéfices doivent toujours pouvoir être justifiés. Si la société ne peut pas démontrer la réalité des prestations en contrepartie, elle risque une condamnation pour abus de bien social par l'administration fiscale. Une convention de management fees rigoureusement établie est donc essentielle pour sécuriser cette pratique.

Quels types de services sont couverts par les management fees ?

La diversité des prestations couvertes par les management fees représente un aspect fondamental de ce dispositif. Ces frais englobent une large gamme de services essentiels fournis par la société mère à ses filiales, permettant ainsi une centralisation efficace des fonctions support au sein d'un groupe.

Services administratifs et RH

Les management fees couvrent en premier lieu les services administratifs et de ressources humaines. Ces prestations comprennent notamment la gestion des ressources humaines avec le recrutement, la formation et le développement des talents. Ces fonctions permettent aux filiales de bénéficier d'une structure organisationnelle solide sans devoir recruter directement du personnel supplémentaire. Par ailleurs, la gestion de la paie assure que les employés sont rémunérés correctement tout en respectant les obligations légales. Les services administratifs incluent également la gestion documentaire, le secrétariat de direction, ainsi que le soutien logistique quotidien nécessaire au bon fonctionnement des entités.

Services juridiques et fiscaux

Le volet juridique et fiscal constitue un autre domaine majeur couvert par les management fees. Ces services englobent la rédaction et la révision des contrats, la gestion des litiges et la conformité avec les régulations locales et internationales. La société mère assure également la veille réglementaire, offrant ainsi une expertise juridique que les filiales ne pourraient pas nécessairement développer seules. Ce soutien juridique centralisé renforce considérablement la sécurité juridique des filiales tout en rationalisant les processus.

Services financiers et comptables

En matière financière et comptable, les management fees incluent la tenue des livres comptables, la production des états financiers et la conformité fiscale. La centralisation de ces tâches permet des économies d'échelle significatives et assure une uniformité dans les pratiques comptables du groupe. Ces services comprennent également la gestion de trésorerie, l'optimisation des investissements et le contrôle financier approfondi. Cette gestion financière centralisée aide non seulement à optimiser l'utilisation des ressources financières mais favorise aussi une stratégie cohérente à l'échelle du groupe.

Services informatiques et marketing

Enfin, les management fees couvrent les services informatiques et marketing devenus indispensables dans l'environnement économique actuel. Du côté informatique, cela inclut la gestion des infrastructures IT, le support technique, le développement de logiciels et la sécurité des données. Pour le marketing, la société mère peut centraliser l'élaboration de la stratégie de marque, la coordination des campagnes publicitaires, la gestion des relations presse et le développement de la présence digitale. Cette mutualisation des ressources optimise les coûts tout en garantissant un niveau de service homogène à l'ensemble des filiales.

Comment fonctionne une convention de management fees ?

La convention de management fees constitue le cadre contractuel formalisant la relation de prestations entre la société mère et ses filiales. Ce document juridique essentiel ne représente pas une simple formalité administrative mais plutôt une protection fondamentale contre les risques de requalification fiscale.

Contenu obligatoire de la convention

Pour être valide, une convention de management fees doit impérativement contenir plusieurs éléments structurants. Premièrement, elle doit identifier précisément les parties concernées, incluant leur dénomination, adresses et qualités. Par ailleurs, un préambule présentant les parties et définissant certains termes spécifiques doit y figurer. La convention doit également stipuler sa durée de validité ainsi que le détail précis des prestations fournies. De plus, les moyens mis en œuvre pour réaliser ces services doivent être clairement explicités, tout comme les modalités de rémunération et de facturation.

À noter que des clauses supplémentaires peuvent être ajoutées pour renforcer la sécurité juridique du document, notamment :

  • Une clause de confidentialité
  • Les modalités de renouvellement de la convention
  • Les clauses de propriété intellectuelle
  • Les conditions de résiliation et leurs conséquences

Méthodes de calcul des frais

Dans le cadre d'une convention de management fees, plusieurs approches de calcul peuvent être adoptées. La méthode du prix de revient majoré consiste à déterminer le coût de revient du service puis à y appliquer une marge de pleine concurrence, généralement autour de 10%. Alternativement, un système forfaitaire basé sur le temps passé peut être mis en place, nécessitant alors la tenue rigoureuse de feuilles de temps. Une troisième approche consiste à calculer la rémunération en fonction d'un pourcentage du chiffre d'affaires de la filiale.

Néanmoins, quelle que soit la méthode choisie, la rémunération doit absolument rester proportionnelle au service rendu. Elle ne peut être ni excessive ni minorée, au risque de constituer un acte anormal de gestion aux yeux de l'administration fiscale. Ainsi, lorsque plusieurs sociétés du groupe bénéficient des prestations, les frais doivent être correctement ventilés selon des clés de répartition justifiables.

Procédure d'approbation

L'officialisation d'une convention de management fees suit un processus rigoureux variant selon la forme juridique des entreprises concernées. Pour les sociétés anonymes et les SAS, la convention est généralement soumise à la procédure des conventions réglementées. Dans ce cas, le conseil d'administration ou l'organe équivalent doit préalablement autoriser la signature.

Cependant, toutes les conventions ne sont pas soumises à cette procédure. Une convention portant sur des opérations courantes conclue à des conditions normales peut en être exemptée. Cette distinction a d'ailleurs été confirmée par la Cour de cassation concernant un contrat de prestation de services comprenant la tenue de comptabilité et diverses tâches administratives facturées au coût réel.

Cette procédure d'approbation ne constitue pas une simple formalité administrative mais témoigne du caractère normal et sincère de la convention aux yeux des autorités fiscales. Des manquements dans cette procédure peuvent fragiliser considérablement la validité du document lors d'un contrôle fiscal.

Quels sont les risques juridiques et fiscaux des management fees ?

Malgré leurs avantages, les management fees comportent plusieurs risques juridiques et fiscaux significatifs qui peuvent entraîner de lourdes conséquences pour les entreprises. L'administration fiscale et les tribunaux examinent ces conventions avec une rigueur particulière, notamment lorsque le dirigeant de la société mère est également dirigeant de la filiale.

Risque de double imposition

Le risque de double imposition constitue l'une des principales menaces fiscales liées aux management fees. En effet, si l'administration fiscale invalide la convention, les sommes versées peuvent être imposées simultanément au niveau de la société mère et de la filiale. Concrètement, le prix des services facturés est réintégré dans le résultat de la société bénéficiaire, augmentant ainsi son impôt sur les sociétés, tout en demeurant imposable pour la société prestataire. Par ailleurs, une application incorrecte de la TVA sur ces transactions peut également exposer les entreprises à des redressements fiscaux supplémentaires, alourdissant davantage le fardeau fiscal global du groupe.

Abus de biens sociaux

L'abus de biens sociaux représente un risque juridique majeur associé aux management fees mal structurés. Une société incapable de justifier la réalité des prestations effectuées peut être condamnée pour ce délit. Les sanctions sont particulièrement sévères, pouvant atteindre cinq ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende pour les dirigeants. Ce risque est amplifié lorsque les dirigeants des sociétés concernées sont identiques. De nombreuses décisions de jurisprudence ont condamné des conventions de management fees sur ce fondement, notamment dans les arrêts de la Cour de cassation des 14 octobre 2010 et 23 octobre 2012.

Dividendes déguisés

La requalification en dividendes déguisés constitue une autre menace fiscale significative. Cette situation survient lorsque l'administration fiscale estime que les services facturés ne correspondent pas à des prestations réelles ou que leur prix est excessif par rapport aux services rendus. Ce problème est particulièrement scruté quand le dirigeant de la société mère dirige également la filiale, car il est censé être déjà rémunéré pour les services administratifs rendus dans le cadre de son mandat. Les management fees peuvent alors être considérés comme une forme de double rémunération injustifiée et être requalifiés en dividendes déguisés, avec toutes les conséquences fiscales que cela implique.

Bonnes pratiques pour sécuriser les management fees

Pour sécuriser l'utilisation des management fees et éviter les risques de requalification fiscale, plusieurs pratiques essentielles doivent être mises en œuvre par les entreprises. Ces précautions permettent de renforcer la solidité juridique du dispositif face aux contrôles de l'administration.

Justifier chaque prestation

La documentation détaillée est primordiale pour attester la réalité des services fournis. Il convient de conserver tous les justificatifs démontrant l'effectivité des prestations, notamment les rapports d'activité, correspondances, études et comptes-rendus de réunions. Ces éléments probants constituent la meilleure défense en cas de contrôle fiscal, car ils étayent concrètement l'existence et la valeur des services rendus.

Éviter la double casquette du dirigeant

Un point particulièrement sensible concerne la situation où le dirigeant de la holding est également dirigeant de la filiale. Cette configuration peut fragiliser considérablement la convention de management fees. Selon la jurisprudence, notamment l'arrêt de 2010, une convention peut être invalidée pour "défaut de cause" lorsque le dirigeant occupe un double emploi. Une solution efficace consiste à nommer la société holding elle-même comme dirigeante de sa filiale plutôt qu'une personne physique.

Utiliser une méthode de calcul transparente

La méthode de calcul des management fees doit être irréprochable. Trois approches principales sont généralement reconnues : le prix de revient majoré (avec une marge d'environ 10%), le prix forfaitaire basé sur le temps passé, ou un pourcentage du chiffre d'affaires. Quelle que soit la méthode choisie, l'administration fiscale peut exiger le détail du calcul. Par conséquent, la facturation doit refléter fidèlement les services rendus sans être ni excessive ni minorée.

Mettre à jour régulièrement la convention

La convention de management fees n'est pas un document figé. Sa mise à jour régulière garantit son adéquation avec l'évolution des besoins des filiales et des conditions du marché. Ces révisions périodiques démontrent également le caractère dynamique et réel de la relation de service, renforçant ainsi sa crédibilité aux yeux de l'administration fiscale.

Faire valider par un professionnel

Compte tenu des enjeux juridiques et fiscaux considérables, le recours à un expert-comptable ou un avocat fiscaliste s'avère indispensable. Ce professionnel pourra concevoir un montage sur mesure, rédiger une convention sécurisée et assurer un suivi régulier. Cette expertise externe constitue un investissement judicieux pour prévenir les contentieux et sécuriser durablement le dispositif des management fees.

Vous souhaitez être accompagné par un expert comptable ? Nos experts-comptables sont à votre disposition pour répondre à toutes vos questions concernant cette notion. Notre cabinet d'expertise comptable, basé Saint-Michel-sur-Orge dans l'Essonne, reste disponible par téléphone, par e-mail ou sur rendez-vous.